Grégory MICHEL a participé à la RAF 2024 (Race Across France). Il nous fait un petit retour sur son périple.
Le lundi 24 juin 2024 à 23h56, je m’élance sur la RAF 2024 sur la distance de 1000 km (qui en fait cette année fait 1156km !).
La RAF, c’est une course d’ultra distance sur route en semi autonomie. Sur le parcours il y a quelques bases de vie sur lesquelles les participants peuvent trouver de l’assistance, restauration et repos, mais autrement nous devons être complètement autonome (nourriture, mécanique, hébergement). Nos vélos sont donc bien chargés.
Pour ma part, j’ai 7kg de matériel réparti dans 3 sacoches auquel il faut ajouter un peu de nourriture et d’eau. Je pars dans la catégorie Duo avec Vincent Bigalion (un collègue du Tennis Club de Gouesnou) licencié au cyclo Club de Guipavas.
Nous pouvons donc rouler à 2 mais le « drafting » (aspiration) est interdit avec les autres participants.
La première étape part de Anglet jusqu’à Bagnères de Bigorre. Pour commencer nous allons traverser le pays basque de nuit à travers des petites routes tortueuses avec beaucoup de « coup de cul » au pourcentage avoisinant les 11% ! Après 80km, vers 4h du matin, nous attaquons le premier grand col de la journée, un col basque Ahusquy, long de 12km avec des pourcentages allant jusqu’à 13%,. Dans la journée, nous allons ensuite enchaîner avec le col de Marie Blanque, le Col de Spandelles et enfin le Tourmalet pour finir la journée ! Nous souffrons beaucoup de la chaleur, 41° dans Spandelles, nous sommes obligé d’adapter notre rythme et nous passons un temps non négligeable à nous approvisionner en eau. Vers 23h, nous attaquons la descente du Tourmalet, 30km de nuit, pour enfin nous poser à Bagnères (lieu de la première base de vie) pour plusieurs heures de sommeil après 24h de vélo dantesque ou nous avons accumulé 280km pour 6500m de D+.
Le lendemain, nous attaquons la deuxième étape vers Pezennas. Nous avons largement sous-estimé l’arrière-pays Pyrénéens. Cest en fait très dur et pas plat du tout, il y a plein de petits cols sur le parcours, et la chaleur est omniprésente. Nous passons une journée éreintante et nous arrêtons à Carcassonne vers minuit (après passage d’un dernier col de nuit, col de la Malepère) avec un total cumulé de 525km et 8879m de D+. C’est à ce moment-là que mes douleurs au genou gauche font leur apparition, de type tendinite intérieure, je passe donc une très mauvaise nuit.
Le redémarrage à 5h du matin est donc très dur, mais vite effacé par la beauté des paysages traversés, le Minervois, paysage de gorges sublimes. A midi, le jeudi 27 juin, nous atteignons la deuxième base de vie à Pezennas au km 641. Nous y trouvons notre « dropbag » avec des affaires propres et une douche bien méritée. Nous nous reposons quelques heures car je suis au bord de la déshydratation et la chaleur est toujours aussi suffocante. Vers 15h nous attaquons la troisième étape vers Sault et le Mont Ventoux. Le début est plutôt « plat », enfin presque, néanmoins sur les parties roulantes, mon genou me fait de plus en plus mal. En fin d’après-midi nous traversons la région magnifique du Pic Saint Loup, mais c’est très escarpé, aride et nous sommes à l’affût de tous les points d’eau . A partir de ce moment-là, nos corps sont de vraies machines qui réclament une quantité hallucinante de nourriture, nous consacrons énormément de temps par jour au ravitaillement. Le soir après 23h nous atteignons la ville d’Uzes, pour une courte nuit de 3h, avec un total cumulé de 776km et 11135m de D+.
Nous repartons très tôt, à 4h du matin afin de pouvoir attaquer le Ventoux avec des températures à peu près supportables. Nous passons le col de Suzette (que j’ai trouvé très dur) vers 8h juste avant Malaucène. Contre toute attente la montée du Ventoux se passe très bien,. Nous sommes avec un autre groupe de concurrent très sympathique et je prends beaucoup de plaisir à grimper ce col mythique (au pied, j’avais bien anesthésié mon genou avec de la crème !). Dans la descente, la pression retombe, le plus gros est fait ! Nous nous arrêtons de nouveau quelques heures à la base de Vie de Sault où j’arrive enfin à dormir 1h de manière correcte. Néanmoins c’est loin d’être fini, il nous reste 268km et 4100m de D+ à parcourir jusqu’à Mandelieu ! Nous repartons en milieu d’après-midi , toujours sous une grosse chaleur avec 2 cols pas évidents à négocier. La route s’élève de manière régulière jusqu’à’ l’entrée des gorges du Verdon, nous faisons une pause de quelques heures pour dormir, à la belle étoile car il fait très bon, dans une petite ville à environ 50km de Aiguines. Nous sommes le Vendredi 28 Juin, il est minuit, nous avons déjà parcouru 10005km et 15000m de D+. C’est la première fois que je passe la barre des 1000km !
Départ à 5h du matin, nous avons bien dormi, et nous attaquons le dernier morceau ! La traversée des gorges du Verdon est magique, mais très exigeante, surtout que la météo ne nous facilite pas la tâche : vent très fort, orage et pluie de sable. La douleur au genou devient difficilement supportable, j’ai hâte d’arriver ! Les derniers km se font dans en zone urbaine et les cyclistes ne sont pas vraiment les bienvenus dans cette région. Nous nous faisons très souvent frôler et alpagué ( du moins c’est mon ressenti sur le moment). Un dernier col urbain, celui du Grand Duc, et c’est la descente vers la Méditerranée et l’arrivée à Mandelieu la Napoule vers 16h le samedi 29 Juin après 1172km, 17841m de D+, 62h sur la selle et au total 112h d’aventures !
C’est pour moi un bel objectif qui se réalise, je m’étais mis en tête lorsque j’ai commencé le vélo après le Covid de faire une traversée de la France, c’est chose faite. Nous totalisons sur le parcours 3 Cols Hors Catégorie, 3 cols cat 1, 10 cols cat 3 et 23 montée de cat 4 ! Une sacrée expérience, à quand la prochaine ?